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        D) Le disque: clap de fin ?

 

  Le disque est-il fini? Voilà une question essentielle qui partage de nombreux professionnels de la musique. Pour répondre à cette question, il y a plusieurs points à éclaircir: tout d’abord, le disque, c’est à la fois le CD et le vinyle. Il est très important de le souligner car ces deux supports connaissent un sort complètement opposé. En effet, alors que le CD court à sa perte, le vinyle connait un regain d’attractivité.

 

       1. La fin du CD

Tout d’abord, intéressons-nous au CD: le marché du CD a perdu 68% de sa valeur en quinze ans (SNEP), pour arriver à 543 millions d'euros en 2015, alors que son chiffre d'affaires était de 1,2 milliard d'euros en 2002 . Le problème, c’est que les artistes sont attachés au CD, car c’est toujours grâce à ce support qu’ils ont tiré le plus de revenus. De nombreux artistes, notamment la génération d’artistes pré-internet, qui ne croient pas au streaming, générant trop peu de revenus selon eux, refusent de donner l'accès à leurs musiques sur les plateformes de streaming. Mais les consommateurs, eux ne trouvent aucune satisfaction à l’achat d’un CD: trop cher, un son trop métallique et un design simple et commun, le CD n’attire plus les consommateurs. Depuis un certain temps, les consommateurs ont pris goût pour les objets et les services personnalisés, qui ont été rendus possibles grâce au développement d’internet. On le voit par exemple lors de l’achat de voitures: les acheteurs effectuent leurs achats à distance (ce qui est d’ailleurs vrai dans tous les domaines), ils personnalisent leur voiture sur internet. Pour la musique, on assiste au même phénomène: le consommateur désire avoir quelque chose d’unique, entièrement créé par soi-même, et pour soi-même. Sur ce point, les services de streaming ont plusieurs longueurs d’avance sur le disque: créer des playlists, partager ses goûts musicaux sur les réseaux sociaux, se voir proposer des chansons selon celles écoutées précédemment, tout cela est possible sur Deezer ou Spotify.

Pour illustrer le déclin du CD, on peut prendre l'exemple de la FNAC, premier vendeur français de disques, qui a au cours de l'année 2015, annoncé de limiter ses stocks uniquement aux nouveautés. Il faudra donc se rendre dans des magasins spécialisés pour se procurer les CD des grands classiques de la musique.

  Le CD n’a pas su évoluer face à ce changement. Une pochette personalisable, un aspect unique du produit aurait peut-être évité la chute du CD, ou du moins l’aurait ralentie. Le seul espoir de subsistance du CD repose sur sa qualité, bien supérieure aux fichiers compressés proposés par la plupart des services de streaming (même si Qobuz propose une qualité studiomaster, supérieure au CD). Cependant, ils ne tarderont pas à rattraper ce retard en termes de qualité sonore, pour faire disparaître définitivement le disque et récupérer ses parts de marché.

 

 

évolution du marché de la musique depuis 2008

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

source: Snep (2014)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        2. Le vinyle, un destin opposé

 

   2015,  Les fêtes de Noël approchent à la Fnac: dans l’allée la plus stratégique du magasin, ni CD, ni baladeurs mp3, Ipod ou enceintes, mais uniquement des vinyles et des platines permettant de les lire. Vingt ans après sa mort annoncée, le vinyle retrouve les têtes des ventes dans les grands magasins, ou chez les disquaires et les brocanteurs, où l’on s’arrache les 33 tours à prix d’or.  Mais revenons sur les significations du mot disque: le disque regroupe à la fois le CD et le vinyle. Cette différence n’est pas à laisser au hasard, dans la mesure où les deux formes de disque ont connu une évolution complètement opposée ces dernières années. Car depuis quelques années, en pleine crise du CD, les ventes de microsillons (vinyles: 33 et 45 tours) montent en flèche. On assiste même à l’ouverture de nouveaux disquaires spécialisés dans les vinyles. Comment expliquer ce phénomène? Le retour du vinyle est-il une simple mode, ou assiste-t-on à  un véritable retour du microsillon? Après leur mise en circulation dans les années 1980, la révolution numérique était censée le faire disparaître à jamais. Alors que les fameuse galettes noires prenaient la poussière chez les brocanteurs, voilà qu’elles connaissent une véritable renaissance depuis 4 ans. Leur production a été relancée et l’industrie du vinyle affiche des progressions à deux chiffres depuis quatre ans. Cette renaissance n’est pas seulement française, elle est mondiale. Aux Etats-Unis, leur vente a bondi de 40% depuis janvier 2015 (Le Figaro). En France, 750 000 CD ont été vendus en 2015, tout de même bien loin des 18 millions de CD vendus. Le retour du vinyle y est tel qu'il dépasse les recettes combinées de YouTube, Soundcloud, et des autres plateformes de musique gratuite. En Angleterre, la chaîne de grande distribution Tesco s’est à son tour lancée dans la commercialisation du vinyle. Partout dans le monde, on assiste à l’ouverture de disquaires spécialisés.

 

D’autre part, l'intérêt pour le vinyle est général: adeptes de la pureté sonore du vinyle, nostalgiques des années “disco”, DJs en quête de nouveautés, ou simplement jeunes “hipsters” suivant l’effet de mode. Un intérêt confirmé à Noël en 2015, où le produit hi-fi le plus acheté sur la plateforme de distribution Amazon n’était pas la dernière enceinte Bluetooth ou le tout nouveau casque sans-fil, mais bien une platine vinyle! (Amazon).  La clientèle qui a entraîné la renaissance du vinyle est la dernière citée: la jeune génération de “hipsters”. Un effet de mode s’est créé, ce qui a entraîné l'intérêt de nombreux clients. En effet, cette jeune génération (18-30 ans) à la recherche d’objets vintage, est très remarquée chez les disquaires spécialisés. “hipsters” ou “bobos” parisiens, ayant vaguement connu le CD et ayant surtout grandi avec le mp3 et YouTube,  ils sont à la recherche des emblématiques albums des Beatles ou de David Bowie, ou bien des derniers albums de stars sortis en version microsillon (Daft Punk, Louane…). Les usines de production de vinyles, telles que MPO (moulage plastique de l’ouest), n’ont plus assez de machines pour répondre à cette demande croissante.  Aujourd’hui, même si le vinyle n’est pas très rémunérateur pour les artistes (à cause de son coût de production), beaucoup sont attachés à ce que leur album sorte aussi en vinyle. Pour Louane (cf. interview), le son chaleureux et la beauté de l’objet font l’attrait du vinyle. Même si, pour elle, le vinyle est bien moins rémunérateur que le CD, la sortie de son album en vinyle lui tient à cœur.

 

Mais pourquoi un tel engouement?

Tout d’abord, il y a le son caractéristique du vinyle, ce son chaleureux avec ses grésillements, complètement inconnu par la génération mp3, habitué aux fichiers compressés et à leur son froid et métallique. Ensuite, il y a le support, cette fine galette noire, à manier avec délicatesse et à retourner pour changer de chanson. Encore une découverte pour la génération Ipod, où il suffisait d’un simple clic pour écouter un autre album. Enfin, il y a l’emballage. Les pochettes d’albums en carton ou en papier, véritables œuvres artistiques, auxquelles il faut prendre soin, leur aspect vintage et la photo s’étalant sur toute la surface de la grande pochette, encore une nouveauté par rapport aux pochettes plastiques et standardisées des CD.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

           3. le vinyle : parti pour rester?

 

    Cependant, si le vinyle est réapparu, on peut se demander si l’on est confronté à un simple effet de mode ou si le vinyle connaît une véritable renaissance. Aux Etats-Unis, le vinyle a gagné beaucoup de parts de marché, mais en France, une lassitude prochaine de la jeune génération face au vinyle n’est pas improbable. De plus, le vinyle représente que 2,5% du marché physique, quand le CD en représente encore 63% en 2015.  A l’ère  des millions de titres accessibles sur les plateformes de streaming, qui aura envie de se lever de son fauteuil et d’aller acheter un vinyle, qui plus est un luxe que toute la population ne peut pas se permettre (plus de 20€ par vinyle). Le vinyle est donc devenu un support noble, que l’on déguste comme un met raffiné ou un bon vin, il est devenu objet de collection, au même titre que les célèbres peintures de Picasso ou Matisse. Mais le vinyle ne disparaîtra pas, du moins pas dans les dix prochaines années, on trouvera toujours des amoureux du microsillon prêts à payer le prix fort pour mettre la main sur des albums de collection. A moins qu’une nouvelle révolution ne vienne bouleverser le monde de la musique...

 

© 2016 , Travaux personnels encadrés 1ère 1 , Saint Louis de Gonzague

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