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     B) L'arrivée du streaming bouleverse l'industrie des maisons de disques

         2.1.  La disparition d'acteurs majeurs : 

 

Après dix années de crise, le paysage phonographique est passé de cinq à trois majors. En effet, il y avait au départ une suprématie totale de cinq entreprises : EMI Group, Universal Music Group, Sony Music Entertainment, Warner Music et BMG Entertainment. Toutefois, la crise continue qu’a connue ce marché depuis les années 2000 a affaibli l’ensemble des majors, certains plus que d’autres. En effet, en 2005, Sony fusionne avec BMG tout en gardant la mainmise. L’ensemble devient le groupe Sony Music actuel.

 

Mais les conséquences de cette crise sur les maisons de disques sont davantage visibles sur le rachat tumultueux de l’emblématique EMI. La prestigieuse maison de disques, créée en 1931 par la fusion de Columbia Records et Gramophone Company, n’a pas su effectuer une gestion convenable et cohérente de ses activités, ce qui l’a voué à disparaître. 

 

De plus, les dirigeants d’EMI ont eu des altercations avec des groupes mythiques, dont des Rolling Stones, qui, suite à cela, ont quitté précipitamment la maison de disques. Symbole dans le milieu, EMI était en accord avec des artistes prestigieux et intemporels comme les Pink Floyd, les Beatles, Radiohead, Queen, Robbie Williams, Coldplay, les Sex Pistols, Renaud et bien d’autres encore. 

 

Face à une crise dont elle fut la principale victime, EMI a cherché à établir des arrangements avec ses concurrents directs, dont notamment Warner. Aujourd’hui, elle a été entièrement divisée entre les autres majors. Cherchant à éviter une situation de monopole qui serait néfaste au marché, les institutions européennes ont veillé à ce qu’aucun major ne prenne une position dominante au détriment des autres. Ainsi, Sony Music a racheté les activités édition du groupe, Universal a fait l’acquisition de l’activité production d’EMI tout en cédant certains des labels à Warner. Des artistes comme les Beatles ou Robbie Williams font ainsi parti du catalogue d’Universal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         2.2. Le rôle dans la promotion des artistes des maisons de disques : 

 

Malgré la production d’un bon album, un artiste parvient à connaître le succès uniquement lorsqu’il bénéficie derrière d’une bonne opération marketing au lancement. C’est donc un rouage essentiel à ne surtout pas  négliger  et  qui  donne  lieu  à de  réels enjeux financiers, voire même de la réussite du projet. Cette opération marketing de promotion est assurée par la maison de disque, en collaboration avec l’artiste,  qui déploie de grands moyens afin que la sortie de l’œuvre fasse le plus de bruits -positifs- possibles, crée en quelque sorte le buzz. Auparavant, lorsqu’il y avait une hégémonie indiscutable de la musique physique - lors des années précédant Internet ou suivant de peu cette révolution technique-, l’étape majeure de la promotion passait  principalement par le bouche à oreille et la publicité dans les médias de l’époque : la diffusion à la radio, à la télévision, dans la presse écrite, les premières parties dans les concerts ou tout simplement grâce à des affiches publicitaires dans les rues. 

 

Les arrivées successives d’Internet, d’Apple avec l’iTunes Store puis des plateformes de streaming musical, ont amené les maisons de disques à adopter des stratégies de promotion sensiblement différentes: en effet, les médias ont pris une ampleur encore plus considérable, au point d’être qualifiés de “quatrième pouvoir” en opposition au pouvoir législatif, judiciaire et exécutif. Il s’agit donc de la cible privilégiée des producteurs pour toucher au travers d’eux les consommateurs. Les maisons de disques ont su profiter des nouvelles possibilités de promotion qui s’offraient à eux pour faire connaître au plus grand nombre d’individus leur catalogue. 

 

Mais quels sont les moyens actuels de promotion utilisés par les labels pour mettre en avant leurs artistes à la suite des révolutions technologiques des années 2000 ?

 

  • Premièrement, la presse écrite, moyen de promotion le plus ancien, est toujours un élément indiscutable dans une bonne promotion, que ce soit au travers de la publicité, d’une critique positive...  Avec le temps sont même apparus des journaux spécialisés dans le monde du disque à l’image du magazine Les Inrockuptibles, consacré à ses débuts au rock avant de devenir plus généraliste  tout en continuant d’informer explicitement ses lecteurs des nouvelles sorties musicales du moment, que les artistes soient français ou non. Mais l’arrivée du numérique a bouleversé le monde de la presse en forçant les éditeurs à innover afin de garder leurs lecteurs. Cela passe notamment par des versions numériques et téléchargeables des magazines, davantage de contenus ludiques. Toutefois, on peut supposer que la version papier finira par disparaître petit à petit pour laisser la place à des versions numérisées des journaux.

 

  • De surcroît, les shows musicaux sont devenus de véritables mines d’or pour les chaînes télévisées  en matière d’audiences mais aussi dans la découverte de jeunes talents prometteurs. Ainsi, une émission de ce type comme “The Voice”, diffusée sur TF1, avait su rassemblé en 2014 pour sa saison 3 près de 7.2 millions de téléspectateurs par soir tout en révélant à la France entière un artiste comme Kendji Girac, qui a réussi à vendre son premier album à plus d’un million d’exemplaires. La télévision est donc encore un vecteur idyllique pour la promotion des artistes car, selon une étude statistique en France en 2014 du Syndicat National de la Publicité Télévisée, près de 98,3% des foyers est propriétaire d’un écran de télévision. Enfin, à la différence des shows, les publicités visuelles à la télévision ont un coût certain pour les maisons de disques qui ne les emploient uniquement lorsque l’artiste concerné possède déjà une certaine notoriété.

 

  • La radio musicale a longtemps été “le” vecteur de découverte musicale (cf. l’émission « Salut les Copains » sur Europe Numéro 1) et continue de tenir ce rôle du mieux qu’elle puisse. En effet, la radio a parfaitement su gérer la transition entre la musique physique et dématérialisée, qui n’a pas vraiment bouleversé son mode de fonctionnement. Elle a toutefois aidé les artistes à se faire connaître davantage, la concurrence étant rude au sein du milieu. On le comprend, pour un artiste, passer à la radio est un enjeu de taille afin de voir ses œuvres  davantage connues du grand public. Cela étant rendu possible lors d’accords entre les programmateurs radios et les différentes maisons de disques. Les notables améliorations de la radio à évoquer restent leur nombre croissant, une omniprésence au sein des ménages, une large variété : des radios, spécialisées dans des styles de musique précis se sont développées à l’instar de Skyrock pour le rap ou bien Nostalgie pour les artistes du XXème siècle. En 2013, l’institut IFOP a réalisé un sondage auprès des Français. A la question “Quel média suscite le plus l’intention d’achat d’une nouveauté musicale ?” les réponses demeurent pour 69% l’écoute de la radio. Elle reste donc le prescripteur numéro un, malgré 17% des français répondant par les vidéos en streaming (Youtube, Dailymotion) et 14%  l’écoute du streaming via les services de streaming (Deezer, Spotify).

 

  • L’arrivée d’Internet a été un tournant majeur dans la promotion des artistes : l’essor des multiples réseaux sociaux ou de sites de partage de vidéos comme Youtube ou Dailymotion, a pris une importance croissante et a permis de réaliser une promotion gratuite des artistes ainsi que de créer une réelle communauté autour d’eux. Pour un exemple concret, il suffit de s’attarder sur la sortie du single Formidable de Stromae : une vidéo de l’artiste semblant ivre dans les rues de Bruxelles a fait le buzz sur les réseaux sociaux. En réalité, ce n’était qu’une opération de promotion lancée par sa maison de disque Universal Music qui, trois jours plus tard, a révélé sur Youtube qu’il s’agissait en fait d’une mise en scène en caméra cachée pour le clip de Formidable. En l’espace de deux jours, la vidéo a fait plus de cinq millions de vues. Ce lancement réussi, orchestré par le label Mercury, a permis à l’artiste de se faire connaître davantage et de changer de dimension. Ainsi des sites d’hébergement comme Youtube sont des relais d’une puissance incroyable. Dans cette mine foisonnante d’images, les clips constituent un élément prépondérant. A ce jour, la vidéo la plus vue sur Youtube est d’ailleurs une chanson : “Gangnam Style” de PSY, postée en 2012. La vidéo officielle a explosé les compteurs en décembre 2014 en dépassant les 2.15 milliards de visionnements ! Soit le tiers de la population mondiale. C’est en tout cas la preuve indéniable de la puissance de la plateforme pour transformer un simple morceau en un tube planétaire. Rapidement, les majors (les principales maisons de disques se partageant le marché : Sony, Warner et Universal)  ont compris l’utilité de ce moyen de promotion gratuit. Dès 2006, ces dernières signent un accord et acceptent la diffusion de leurs vidéos. Pour conclure, sur Youtube, près de 2 milliards de vidéos sont visionnées chaque jour. De plus, Internet permet également à des particuliers de financer les artistes indépendants au travers de plateformes de “crow-funding” (procédé consistant à inviter un particulier à financer un projet qui pourra lui rapporter de l’argent.) comme MyMajorCompany. Dans le siècle du collaboratif dans lequel nous sommes, accorder aux internautes de devenir eux-mêmes les producteurs des artistes et prendre de ce fait des décisions artistiques est essentiel. Et les années à venir seront celles du renforcement de cette notion de collaboration, de partage. Pour conclure, selon une étude d’Edison Research parue dans le magazine Alternatives Économiques, en 2015, 44% des auditeurs aux États-Unis ont découvert la musique via Internet, ce qui montre bien que les vecteurs majeurs de découvertes musicales dépendent fortement de la culture du pays concerné. Ainsi, les États-Unis, au centre des principales avancées technologiques, possèdent une population davantage connectée et utilisatrice d’Internet, là où la population française accorde encore énormément d’importance à la radio.

 

         2.3. L'apparition de labels indépendants

 

Les labels indépendants ont également su tirer des leçons de la crise et même en tirer profit. En effet, au moment où tout allait mal, les grands du milieu ont abandonné beaucoup de contrats. Ce fut une aubaine pour ces labels indépendants qui ont profité de la situation pour les accueillir. Les petits labels ont pu investir dans des projets davantage adaptés à leur mode de fonctionnement. L’artiste y trouve une certaine flexibilité qu’il ne trouve nulle part ailleurs. 

 

La révolution Internet a été un tremplin majeur pour cette nouvelle génération d’indépendants. Cela se matérialise principalement par l’apparition des plateformes de crowdfunding. MyMajorCompany s’est ainsi fait connaître en produisant des artistes comme Grégoire et Irma. Ceux qui avaient parié sur l’un des deux ont touché de gros bénéfices. Ce modèle, fonctionnant à merveille, encourage certains artistes à quitter leurs maisons de disques parfois trop contraignantes, trop exigeantes ou pas assez rémunératrices, au profit de cette indépendance assurée. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cela permet de développer de nouvelles façons de travailler. Le support physique n’étant plus désormais un impératif, certains l’ont purement et simplement abandonné. C’est le cas par exemple du label Believe dont fait partie Youssoupha, Grand Corps Malade, Iggy Pop. Cette entreprise 100% digitale use habilement de la vague de la dématérialisation et sur l’essor des services de streaming. De plus des labels indépendants comme Zimbalam cherchent à attirer des artistes en leurs proposant de bénéficier de 90% des revenus générés par les ventes. Un taux que sont loin de proposer les autres acteurs du marché.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Diagramme réalisé à partir de données issues de la SNEP

© 2016 , Travaux personnels encadrés 1ère 1 , Saint Louis de Gonzague

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