
A) Deux modèles de streaming : le gratuit vs le payant
Aujourd’hui, le streaming représente deux tiers des revenus numérique de l’industrie de la musique enregistrée (rapport du SNEP 2015). Chaque année, ce nouveau mode de consommation de musique gagne du terrain sur les acteurs traditionnels de l'industrie musicale (CD, Vinyle, téléchargement...).
* le physique correspond aux supports matériels d'écoute musicale: CD, vinyle, cassette...
Deux conceptions de l’écoute musicale numérique (en ligne) s’opposent: le streaming et le téléchargement. Le téléchargement consiste à acquérir un titre ou un album et d’en devenir le propriétaire, légitime ou non, inversement au streaming, où la musique est louée. Grâce à ce système, l’acheteur détient un fichier audio qui n’est pas physique (il ne peut pas le détenir entre les mains) , mais qu’il peut ensuite utiliser à sa guise. Si l'on s'intéresse plus particulièrement au streaming, on y trouve deux modes d'écoute en ligne: le streaming gratuit et le freemium.
Le streaming gratuit consiste en un accès gratuit à la musique en ligne, rémunéré par la publicité. Ce streaming est uniquement possible sur des grosses plateformes musicales, tel que YouTube (65% des titres écoutés à l'échelle mondiale), capable de mettre en ligne du contenu gratuitement grâce à des revenus publicitaires conséquents, et grâce à son statut d’hébergeur, ce qui lui permet de reverser des sommes (droits d'auteurs) dérisoires aux artistes. D’autre part, Il existe aussi des plateformes d’écoute gratuite qui reposent sur le partage de musique, on y trouve toutes sortes de contenu (d’artistes très célèbres comme les Daft punk à un enregistrement de guitare amateur dans un salon). Ces contenus sont mis en ligne par les artistes eux-mêmes ou par les internautes, qui n’en tirent aucun revenus, mais le nombre considérable d’auditeurs présents sur ces plateformes, telles que SoundCloud et ses 200 millions d’utilisateurs mensuels, leur permettent d’avoir une vitrine publicitaire de leur musique, qui pourra ensuite être achetée, physiquement ou sur Itunes, ou écoutée sur les plateformes de streaming, générant des revenus aux artistes. Ce système, certes gratuit, nécessite un accès internet payant, sans lequel aucune musique ne peut être écoutée.
Face à ce système gratuit, on trouve les plateformes de streaming, reposant sur un système appelé le freemium: il propose une offre gratuite limitée, financée par la publicité, et incitant ainsi à s’abonner à l’offre premium. Si l’auditeur s’abonne, c’est-à-dire qu’il s'engage à payer une somme fixe mensuellement, il obtient en contrepartie un accès illimité à un contenu musical conséquent (plus de 30 millions de titres disponibles sur le service Apple music), et certaines fonctionnalités exclusives, tel que la personnalisation des playlists ou l'écoute hors-ligne illimitée. Ce système de freemium présente des avantages ainsi que des inconvénients:
L’avantage de ce système est qu’il permet un large amortissement de la somme monétaire investi dans un support musical traditionnel, le disque par exemple. A titre de comparaison, un album en sortie coûte environ 15€ chez un grand distributeur, et donne accès à une vingtaine de titres, imposés à l’acheteur, dans le sens où le disque forme un ensemble de titre, appréciés ou non de l’acheteur, alors qu’un abonnement à un service de streaming musical donne accès à plusieurs millions de titres pour moins de 10€. De quoi assurer la disparition du disque ! Contrairement au souscripteur gratuit, l’abonné payant a la possibilité d’écouter ses titres hors connexion, ce qui revient presque à un fichier acheté, sur Itunes par exemple.
Cependant, il présente aussi certains inconvénients : en effet, à partir du moment où l’abonné résilie son abonnement, il n’aura plus accès à sa musique. C’est le principe du streaming. La musique ne lui appartient pas réellement, il la loue, contrairement au disque, qui lui, est physique et intemporel. D’autre part, la qualité musicale de certains morceaux peut être critiquée sur certains services de streaming musical, même si les offreurs ont lancé un mode d’écoute haute qualité, plus demandeur en débit internet, pour faire face à la qualité sonore d’un disque CD ou vinyle. Si l’on s’intéresse de plus près au marché du streaming musical payant, on remarque que les différentes offres sont relativement similaires. C’est pourquoi les grands du streaming musical, Deezer, Spotify, et Applemusic essentiellement, se livrent à une véritable guerre d’acquisition des abonnés (cf. partie B).




