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     A)  L’émergence de l’internet a favorisé le passage du support physique au support numérique

 

             1.1 Les évolutions techniques du support musical avant l’arrivée de l’internet

 

Le premier appareil qui a permis d’enregistrer des sons, sous forme de gravure, le phonautographe, fut inventé en 1857 par le français Léon Scott de Martinville. Cependant cet appareil ne pouvait émettre aucun son. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                    le phonotaugraphe

 

Mais c’est août 1877 que l’américain Thomas Edison, s’inspirant des idées de Charles Cross, poète et savant français, invente le phonographe, premier support permettant l’enregistrement de la voix humaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                      le phonographe

 

Berliner* crée en 1887 la société “United States Gramophone Company”, enregistre plusieurs artistes et lance la première industrie du disque.

 

De nombreux chercheurs et inventeurs vont perfectionner le phonographe au cours des années 1880 et mettre au point en 1887 le gramophone, dont l’innovation principale consiste à graver le son sur un disque plat mesurant 12,5cm de rayon. Le gramophone permet ainsi de répondre au problème de l’incapacité de reproduction du système d’Edison.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

                                                                                                  le gramophone

 

Au début du XXème siècle, cylindre et disque se partagent le marché de l’écoute musicale, avec une vente moyenne de 6 millions de cylindres par an dans les principaux pays consommateurs, que sont les Etats-Unis, l’Allemagne, la Russie, la Grande-Bretagne et la France.

 

En 1900, la compagnie Gramophone possède environ 5 000 titres à son catalogue, et la société française Pathé, créée en 1896 par les frères Charles et Emile Pathé, en possédera environ 20 000 en 1912.

 

Au lendemain de la première guerre mondiale, une rupture technologique apparaît avec la naissance de la radio en 1919. Certains commentateurs de l’époque, prétendent alors que la radio va détruire le marché du disque qui était alors en pleine expansion, puisqu’en 1920, 100 millions de disques sont vendus par an à travers le monde. 

 

Les années 1920 sont marquées par l’apparition des enregistrements électriques et les électrophones, appareils électroniques destinés à restituer un enregistrement sonore. L’invention des disques “enregistrés électriquement” assure une meilleure qualité du son. Ils sont commercialisés dès 1925.

A la fin du deuxième conflit mondial, une nouvelle avancée technique voit le jour avec la création du disque Vinyle par Peter Goldmark, en 1948, assurant pour la première fois de l’histoire une reproduction fidèle des sons. L’augmentation de la durée d’enregistrement ainsi que l’amélioration de la qualité sonore du vinyle ont engendré une forte croissance du marché de la musique dans les années 1950 et 1960, avec une croissance annuelle qui pouvait atteindre les 20%.

 

La cassette magnétique est créée par Philips en 1963 et représente le premier support sur lequel la copie audio est réalisable. Elle connaîtra un fort développement

Dans les années 1960 et 1970 grâce à la qualité de son support magnétique qui ne cessera de s’améliorer au fil de la décennie.

 

Durant les années 1960 et 70, la radio est présente dans de nombreux foyers et forme un nouveau mode généralisé d'écoute musicale. Tout le monde pouvait alors écouter de la musique autant qu’il le souhaitait, sans aucune forme d’abonnement. Le 9 novembre 1981, l’Assemblée Nationale promulgue une loi sur les radios libres (anciennement appelées radio pirate) les autorisant ainsi,  pour la première fois, d’émettre légalement des ondes.  Sa période de gloire fut écourtée avec l’apparition du CD en 1982. Dans les premiers temps, les radios libres n'auront pas le droit de diffuser de la publicité. La radio demeure cependant aujourd’hui, l’un des modes d’écoute les plus utilisés par les consommateurs de musique enregistrée. Selon une enquête menée en 2014 auprès des consommateurs américains, 75% d’entre eux affirmaient que la radio était la principale source de découverte musicale.

 

En 1975, les ventes mondiales annuelles de vinyles s’élevaient à 1,5 milliards d’unités vendues.

 

L’arrivée d’un nouveau support révolutionnaire, le disque compact (CD), en août 1982 va de nouveau bouleverser le marché de l’écoute musicale.

Le disque compact* naît d’une coopération technique entre le japonais Sony et le néerlandais Philips qui date de 1979.

Son format réduit, 12 centimètres de diamètre et 1,2 milimètre d’épaisseur, et sa qualité sonore qui est très largement supérieure à la cassette  audio et au disque vinyle, font que ce mode d’écoute est depuis de nombreuses années le plus répandu au monde.

 

Le Mini Disc apparait en 1982 suite aux innovations technologiques apportées par le groupe Sony. Il se présente sous la forme d’un petit disque intégré dans un plastique rigide de sept centimètres de côté. Cette coque permet de le protéger des rayures.

 

Ce Mini Disc présente trois avantages:

  • une taille qui lui permet d’être transportable dans une simple poche;

  • une importante capacité de stockage qui s’étend entre 80 minutes (pour la première version en 1982) et 45 heures d’enregistrement audio; et enfin,

  • sa faculté à être réenregistrable.  

 

Cependant ce support a connu un succès inégalement réparti. En effet, il fut très populaire au Japon, mais moins en Occident notamment à cause de son prix élevé.

 

                  1.2 Les différentes formes de distribution musicale avant l’arrivée d’internet

 

Avant l’irruption d’internet dans le monde musical, la distribution musicale était entièrement réalisée sous la forme physique, via les magasins tenus par des disquaires.

 

En effet, selon un chiffre qui nous a été dévoilé par Ludovic Pouilly, institutitional and music relations director (chargé des relations institutionnelles et musicales) chez Deezer (cf. interview du 13/01/2016), le nombre de disquaires indépendants en France est passé de plus de 2 000 au début des années 1980, à moins de 100 en 2015.  

 

Puis, avec l’apparition du support compact de disque, la distribution va s’étendre à de grandes chaînes de magasin telle que la Fnac, Virgin ou encore Darty. Les grandes surfaces, Leclerc, Carrefour ou encore Auchan occupent également une place importante dans la distribution de disques. La Fnac demeure aujourd’hui le plus grand vendeur de CD en termes de quantité. 

 

Avec plus de 600 points de ventes, les magasins Leclerc représentent le plus grand réseau de disques en France.  Mais aujourd’hui, avec la dématérialisation de la musique, ces grandes firmes ont l’obligation de s’adapter et de rechercher de nouveaux modèles afin de ne pas disparaître. Par exemple, l’enseigne Leclerc, a revu toute l’organisation de ses hypermarchés pour redynamiser ce marché. Ainsi des Espaces culturels sont apparus au cœur de ses magasins, et elle a fait le choix de conserver majoritairement les univers jazz, variété française ou classique. Malgré les efforts fournis pour faire évoluer leur offre, les distributeurs physiques voient leur clientèle diminuer, au profit des nouveaux distributeurs de musique dématérialisée. « Aujourd’hui, plus de 20 millions de titres sont disponibles au téléchargement sur ITunes Music Store alors que le plus grand des magasins français n’a jamais pu proposer plus de 80 000 références ». (Cahier Français).

Depuis 2001, pic du marché de la musique,  la vente de la musique physique n’a fait que baisser. En effet entre 2000 et 2014, le marché physique de la musique a perdu 60% de sa valeur, selon Olivier Nusse, directeur général d'Universal France. Son chiffre d’affaires mondial atteignait 27,1 milliards d’euros en 2000 et en 2014 il ne valait plus que 6,82 milliards d'euros, selon le rapport d’IFPI (Internationale Federation of the Phonographic Industry). 

Ainsi le XXème siècle fut marqué par l’apparition constante de nouvelles technologies, facilitant l’essor du marché de l’écoute musical.

 

 

                           Diagramme en bâtons représentant l’évolution du chiffre d’affaires (hors taxe) des ventes                                                                 mondiales de musique enregistrée (en milliards de dollars)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                 Source: IFPI (Internationale Federation of the Phonographic Industry)

 

Légende : 

Physical : ventes de musique sur support matériel (CD, K7...) 

Digital : ventes sous forme de fichier musicaux ou d’abonnement à des services en ligne. Performance rights Performance rights: droits perçus pour la diffusion de titres dans les médias ou les lieux publics. Synchronisation : droits sur des titres cédés pour le cinéma, l’audiovisuel...

 

          2.  Les évolutions techniques du support musical avec l’arrivée de l’internet

 

L’arrivée de l’internet grand public, en 1990, a profondément bouleversé  le marché de l’écoute musicale, notamment par les apports de nouvelles technologies et par les différentes formes d’enregistrement du son.

 

          2.1 L’ère du numérique

 

L’industrie du disque, apparue au XXème siècle, a été violemment heurtée un siècle après son apparition, au début des années 2000 suite à la révolution numérique et à l’apparition d’internet en 1990.

Tout d’abord les formats audio, présents en masse de nos jours sur internet, font leur apparition à la fin du XXème siècle. Ces fichiers présentent des qualités audio aussi bonnes que les CDs et peuvent être transférés d’un ordinateur à un support portable (MP3, portable).

La musique numérique a connu son essor avec la commercialisation du tout premier baladeur en 1999, par la société californienne Remote Solutions. La grande qualité de ce support et son importante capacité de stockage, en effet il permet de diviser par douze la taille d’un fichier audio classique pouvant ainsi stocker des centaines voire même maintenant des milliers d’heures d’écoute musicale, font de lui un mode d'écoute musical très répandu. Les portables sont devenus le principal support de diffusion pour la musique car ils sont aujourd’hui capables de lire les formats MP3 et ainsi remplacent les baladeurs MP3.

 

Dès les années 1990, sont lancées les premières offres de musiques dématérialisées. Cette révolution de l’écoute musicale s’établit à la suite du lancement Napster en juin 1999, conçu comme un service de partage en peer to peer (pair à pair), « échange de fichiers informatiques, le plus souvent audio ou vidéo, grâce à une connexion directe entre les ordinateurs de particuliers, sans que ces fichiers soient au préalable stockés par un serveur». Ce fut ainsi l’une des premières plateformes de musique dématérialisée.

 

Le 28 avril 2003, Apple inaugure aux Etats-Unis, sa plateforme permettant de télécharger des albums ou des titres à l’unité de différents artistes, nommé ITunes Music Store. Ainsi, avec ITunes, le téléchargement légal prend une place importante dans notre mode de consommation de la musique. Apple met à disposition de ses clients 200 000 titres, chacun à 99 cents et issus des majors du disque. Apple rencontre alors instantanément un succès immense, en une semaine plus d’un million de titres sont vendus. La plateforme est disponible en France dès juin 2004, et disposait de 700 000 titres. Le MP3 et la musique téléchargée forment alors l’avenir, au désespoir des majors qui n’avaient pas imaginé ce changement. Apple profite de son avancée  sur le marché pour créer son propre marché totalement fermé alliant un logiciel, ITunes, et un matériel, l’IPod dont la première version apparaît le 23 octobre 2001.

 

Depuis 2007, un nouveau moyen d’écouter la musique est apparu : le streaming musical, reposant sur la location de musique. Le mode de fonctionnement de cette nouvelle écoute musicale sera explicité ultérieurement.

L’industrie de la musique, qui est la première à avoir subi la révolution numérique des années 2000, se verrait d’ici cinq ans retrouver ses couleurs des années 2000 grâce au développement des plateformes de streaming, et à la croissance du nombre d’abonnés. Le streaming devrait ainsi générer, d’ici trois ans près de 3 milliards d'euros du chiffre d'affaires de l’industrie de la musique, selon les prévisions des experts du marché, alors qu’il représente 1,55 milliards  d'euros de recette en 2014, selon le SNEP (Syndicat National de l'édition Phonographique).

L’arrivée du streaming sur le marché de l’écoute musicale a fortement modifié ce marché. En effet, on estime que dans moins de deux ans, le digital aura pris le pas sur le physique en France, c’est déjà le cas depuis au moins deux ans aux Etats-Unis. La baisse du marché physique a été accentuée par la fermeture des réseaux de distribution et cette baisse reste variable selon les pays, puisque encore un grand nombre de pays préfèrent consommer la musique à travers le physique plutôt que le digital, c’est le cas notamment du Japon où la vente de physique représente environ 78% des revenus du marché de l’écoute musicale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

            Schéma représentant la part du physique (vente de musique sur un support matériel) sur les revenus                                                       globaux de l’industrie de la musique, dans différents pays

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                       Source : IFPI, 2012 (Graphique réalisé sur Infogram)

 

Avec l’apparition du streaming, la vente de numérique a encore pris des parts de marché au profit du physique et aujourd’hui, dans de nombreux pays le streaming est beaucoup plus utilisé que le téléchargement.

 

 

En France, nous avons encore cette chance, aujourd’hui, d’avoir des réseaux de distribution comme la Fnac, les centres culturels Leclerc en province et les industriels. Même si les rayons se réduisent, nous gardons un réseau de distribution qui permet encore de vendre du physique et atténue par conséquent légèrement la baisse de ce segment de vente. Mais le streaming musical est en train d’exploser ainsi que le nombre d'abonnements à ces plateformes, on vient de dépasser les 3 millions d’abonnés en France depuis le mois d’octobre 2015.

Face à cette chute du physique et l’essor du marché en ligne, le live a su bénéficier de cette situation de marché pour connaître « une forte croissance au niveau mondial ces dernières années, avec une hausse de 42% de son chiffre d’affaires de gros hors taxe entre 2006 et 2001 » (Alternatives Economiques). De plus selon une étude réalisée dans Alternatives économiques, en 2013, la musique en live, représentait le plus gros chiffre d’affaires du secteur de la musique en atteignant les 25 milliards de dollars.

 

 

*Émile Berliner (1851-1929) est un ingénieur allemand naturalisé américain, il est à l’origine de l’invention du gramophone. 

*Le disque compact, CD, est disque plat utilisé comme mémoire de masse pour stocker des données sous forme numérique.

évolution des supports musicaux depuis la fin du XIXème siècle

© 2016 , Travaux personnels encadrés 1ère 1 , Saint Louis de Gonzague

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