C) Une écoute musicale qui s’est globalisée avec la pratique du streaming 

             

              1) Un développement inégal à l’échelle mondiale

 

L’accès à internet est inégalement réparti dans le monde, selon la richesse des pays. Ainsi toute l'humanité ne peut utiliser les plateformes de streaming de manière égale. En effet, en 2015, seul 42% de la population mondiale est connectée à internet, soit 3,025 milliards d’internautes, selon L’agence We Are Social. Par ailleurs, l’accès à internet est inégalement réparti au sein même des continents. En effet, toujours en 2015 et selon les chiffres de l’agence We Are Social, le taux de pénétration d’Internet en Amérique du Nord était de  81% (86% au Canada, 80% aux USA), de 78% en Europe de l’Ouest (83% en France), de 48% en Asie de l’Ouest (Proche-Orient et Moyen-Orient) et seulement de 18% en Afrique. On constate donc que seulement un condensé de population privilégié a la possibilité d’avoir accès aux plateformes de streaming musical, puisque ces services ne sont rien sans un accès à internet, car ils fonctionnent uniquement par l’intermédiaire d’applications ou de sites web.

Aujourd’hui, les plateformes de streaming sont en perpétuelle évolution, et investissent dans de nombreux pays à travers le monde. Par exemple, Deezer, entreprise française créée en 2007, voit depuis quelque temps, sa part de marché en France diminuer même si son revenu augmente, car elle favorise un développement à l’international, le marché français étant déjà fortement développé. En effet, ce marché représentait 100% du chiffre d’affaires de Deezer en 2007, alors qu’il atteint aujourd’hui seulement 45% de son chiffre d’affaires, selon Ludovic Pouilly. Deezer réalise des investissements colossaux, notamment en Amérique Latine, où le Brésil et la Colombie sont devenus ses quatrième et cinquième marchés à l’échelle mondiale, en termes de chiffre d’affaires, derrière l’Allemagne, l’Angleterre et évidemment la France. Début octobre 2015, le service de streaming comptait 6,3 millions d’abonnés payants à l’échelle mondiale : 1,5 million le sont en France. Deezer compte 1,5 million d’abonnés directs (non inclus dans une offre mobile) à travers le monde, les 4,8 millions restants provenant des accords que la société a noués avec des opérateurs télécoms (Orange en France, Vodafone en Allemagne, ou encore TIM au Brésil). Aux Etats-Unis, où Deezer s’est lancé l’an dernier via un partenariat avec les marques de matériel hi-fi Sonos et Bose*, le nombre d’abonnés reste encore peu significatif. Deezer compte aujourd’hui quarante accords avec des opérateurs dans le monde, assurant ainsi son développement. Outre ses 6,3 millions d’abonnés payants, Deezer note la présence de 16 millions d’utilisateurs par mois sur sa version gratuite. Le chiffre augmentant de jour en jour, les chiffres restent approximatifs: à titre d’exemple, l’opérateur téléphonique Orange permet à Deezer de fidéliser 25 000 nouveaux clients indépendants par mois, hors partenariat (non rattachés à un abonnement mobile ou fixe Orange), uniquement grâce à la pub qu’Orange fait de Deezer. 

Les multiples sites de streaming musical ont la volonté commune de conquérir le monde et de rendre leur service disponible dans les 197 pays à travers le monde. Aujourd’hui, le nombre d’abonnés de ces principaux services (Deezer, Spootify, AppleMusic, Pandora, Tidal, Qobuz) regroupés atteint environ les 33,5 millions d’utilisateurs payants, alors que leur nombre d’utilisateurs atteindrait plus de 200 millions, selon Olivier Nusse. Cependant, les limites du streaming musical ne sont pas fixes. En effet, si l’on compte YouTube, et son milliard d’utilisateurs par mois, ou encore Soundcoud (200 millions de visiteurs mensuels), le nombre d’utilisateurs deviendrait incalculable.

Grâce aux 40 millions d’albums présents sur les plateformes telle que Spotify, Deezer ou encore AppleMusic, et à leur déploiement dans le monde entier, par exemple Spotify, qui est présent dans 17 pays et Deezer dans plus de 180 pays, la musique n’a aujourd’hui plus de frontières et est présente partout. Cependant cette ouverture à la musique mondiale et à la location de la musique n’est pas acceptée par tous les pays. En effet, le Japon reste un pays très collectionneur et le physique représente 85% de la consommation totale de musique dans le pays, alors que la Suède consomme à 90% de la musique en digital dont 60% en abonnement à des plateformes de streaming, selon Olivier Nusse. Il nous assure aussi qu’en 2014 la consommation mondiale de musique se fait à 35% en virtuel dont 50% sous la forme de streaming musical.  

 

               

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          2) Un partage omniprésent dans la génération internet 

 

Les services de streaming musical ont favorisé l’écoute de musique sur les téléphones portables et désormais la musique nous accompagne dans tous nos déplacements, chacun pouvant écouter de la musique dans les transports en commun, dans la rue, au travail ou lors d’activités sportives.

L’écoute musicale est donc de plus en plus individualisée, l’accès illimité à des catalogues détenant 40 millions de titres musicaux favorisant ce type de comportement. Cependant, dans notre société actuelle, un seul mot d’ordre est présent: “le partage”. Que ce soit le partage de sa vie privée, à travers les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter) ou de ses propres goûts musicaux au travers des plateformes de streaming. 

En effet, les services de streaming offrent à leurs utilisateurs la possibilité de réaliser leurs propres playlists mais peuvent également accéder aux playlists des autres utilisateurs. Cela favorise la découverte de nouveaux genres musicaux ou artistes. Ainsi s’effectue un réel partage et échange des goûts musicaux entre les individus. Cette notion de partage des playlists renforce l’immatérialité et la non-propriété de la musique du XXI ème  siècle. 

Paradoxalement, la consommation de la musique ne cesse d’augmenter de jour en jour par le phénomène de la mondialisation, mais l’industrie musicale peine à s'adapter à ce nouveau modèle économique.