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         B) Des modes de consommation qui ont été transformés par le développement du streaming

 

Avant l’apparition de ces plateformes de streaming, le marché de la musique, en France, était assez modélisé, c'est-à-dire qu’il fallait que l’artiste passe par la radio, la télévison, afin de devenir connu. Ensuite il devait s’assurer que son album soit bien distribué par les distributeurs physiques.

En Angleterre,  entre six et dix jeunes pépites, par an, se forgeaient un nom dans la musique, par la création d’un album qui les révélait au grand public, vendant plus d’un million d’albums. Par conséquent, l’Angleterre était l’un de seuls pays à avoir une grande diversité dans le succès des artistes. Alors qu’en France, les chanteurs qui rencontraient un succès étaient toujours les mêmes : Jean Jacques Goldman, Johnny Hallyday, Florent Pagny ou encore Francis Cabrel. Il y avait cependant quelques nouveaux, mais le cercle des grands de la musique française était relativement fermé. La particularité de l’Angleterre est que la musique y est bien plus répandue que dans les autres pays, notamment grâce à la pratique de la musique dès le plus jeune âge: on y joue davantage de musique dans les écoles ou dans les lieux publics, comme les pubs par exemple. On a donc une démultiplication des lieux où l’on peut écouter de la musique, avec un public populaire éveillé par les nouveautés.

Avec l’accessibilité de contenus musicaux sur le web, la curiosité du public s’est développée. D'un point de vue social, des études ont prouvé qu'avec l'apparition du streaming, les barrières musicales sociales ont tendance à s'abaisser. En effet, puisque écouter une chanson ou deux cent chansons par mois revient au même prix pour le consommateur, ce dernier va avoir tendance à ne plus se limiter à ses propres goûts et à explorer d'autres univers musicaux. Ainsi, les "barrières" sociales qui existaient en fonction des styles musicaux, ont eu tendance à s'abaisser ces dernières années. Ainsi, le rap n'est plus exclusivement réservé aux jeunes américains en difficulté et la musique classique n'est plus réservée à la bourgeoisie urbaine, même si des goûts enracinés persistent, influecés par la socialisation primaire et la culture musicale qui peut y être transmise. Les frontières entre genre musicaux et catégories sociales ont tendance à s'effacer. Cette tendance est apparue avec Internet et Napster, et s'est renforcée avec l'essor des services de streaming musicaux. Le développement du haut débit a été accompagné par l’émergence des réseaux sociaux, qui permettaient de partager les œuvres d’artistes jusque-là encore inconnus, et permettre aux artistes de connaître un succès mondial. En effet, grâce aux nombreux progrès techniques dans le monde de la technologie musicale, il est devenu facile d’enregistrer un album, et grâce aux réseaux sociaux tels que Facebook, ou encore par le développement des hébergeurs de vidéos gratuits tels que YouTube, de nouveaux individus, retenus alors par des limites de coûts ou bien par l’incapacité de se faire une renommée, ont eu la possibilité de partager leur production.

A la suite de l’apparition du streaming musical, est apparue parallèlement l’écoute massive et illimitée de fichiers musicaux. En effet, grâce à ces plateformes, les individus peuvent alors décider de ne profiter que de la version gratuite de ces modèles, et ainsi bénéficier d’une écoute à volonté pour un coût nul. Cependant le consommateur est soumis à une publicité récurrente, qui permet de financer ce mode d’écoute et d’inciter les utilisateurs à payer pour supprimer la publicité, qui peut apparaître sous deux formes: soit par des encadrés publicitaires, soit par des annonces vocales toutes les demi-heures. D’autre part, les individus peuvent faire le choix d’accéder à la version premium proposée par les plateformes, accès payant dont le tarif s’élève à 9,99 euros par mois pour trois appareils (tarif pratiqué par la plupart des services de streaming musical), et ainsi de pouvoir écouter leurs playlists en mode hors-ligne, c’est à dire sans connexion internet, et de bénéficier d’une  utilisation sans publicité. En conséquence, le consommateur a l’impression d’être propriétaire de sa musique comme s’il l’avait téléchargée. En réalité, il est dépendant de son abonnement, car s’il décide de résilier son abonnement payant, il n’aura alors plus accès à sa musique. De plus, la démocratisation des baladeurs, des portables, ou des ordinateurs a permis d’avoir accès à la musique en quantité pour un moindre coût. Ainsi, animés par leur curiosité,  les individus vont avoir tendance à écouter de nouveaux genres musicaux, des albums d’artistes qui leurs étaient inconnus et  pour lesquels ils n’auraient jamais dépensé leur argent afin d’acquérir leur album. Ces modes d’écoute sont aujourd’hui majoritairement utilisés par les jeunes, originaire de toutes les classes sociales. En effet, les jeunes générations, souvent qualifiées de “génération internet”, ont grandi en même temps que le développement mondial d’internet ainsi que les services de streaming: ils ont acquis le réflexe d’aller sur Deezer ou Spotify pour écouter leur musique. Cependant, on peut nuancer cette affirmation car :

-les générations plus âgées commencent aussi à utiliser ces plateformes

-la génération née entre 1990 et 2000 est celle qui, selon Olivier Nusse, est la plus difficile à faire passer à des offres de streaming payant, car cette génération a grandi avec Napster: c’est la génération “piratage”. Il est très difficile de faire payer de la musique à un individu, même peu cher, si cet individu a toujours écouté de la musique sans la payer.

Aussi, certains sociologues démentent l’idée de la fin des goûts musicaux selon les classes sociales. En effet, le sociologue Philippe Coulangeon, assure que l’ouverture d’esprit à  l’égard des genres musicaux est inégalement répartie au sein de la société, et que les classes supérieures sont davantage animées par ce désir de nouveautés plutôt que les classes populaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ainsi, grâce au streaming, un nouveau rapport à la musique est apparu. Alors que nous étions propriétaire de notre musique, au temps du vinyle et du disque, nous sommes ensuite devenus propriétaire de fichiers musicaux avec l’apparition du MP3, avant de devenir locataire de cette même musique à la suite de l’émergence des services de streaming musical. La musique a donc connu un processus de dématérialisation en l’espace de très peu de temps, et les rapports à la propriété ont été bouleversés au cours d’une décennie, puisqu’aujourd’hui les individus accordent peu d’importance à l’aspect  matériel et physique de la musique, tant qu’ils peuvent l’écouter quand ils le souhaitent et facilement.

 

 

 

les trois grands du streaming musical

© 2016 , Travaux personnels encadrés 1ère 1 , Saint Louis de Gonzague

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